|
"Portraits
d'anesthesistes-réanimateurs..."
Cette nouvelle rubrique a pour
vocation de vous faire découvrir des portraits d'anesthesistes-réanimateurs
menant successivement ou conjointement une carrière médicale
et extra médicale (politique, littéraire, humanitaire,...)
ou remarquables pour leur pratique professionnelle particulière.
Pour
commencer voici une interview d'un medecin du Raid reproduit avec
l'aimable autorisation du site caramed
Médecin
D'élite: Entretien avec le
Docteur L., médecin au RAID |
|
Anesthésiste-rénimateur, physiquement
sur-entrainé, le Dr.L échange réguliérement sa blouse blanche contre la
combinaison noire du RAID, le groupe d'élite de la police nationale.
Pour Caramed, le Dr.L a ouvert les coulisses de son métier où se mêle
secret médical et secret défense.. |
Caramed : Pouvez-vous expliquer brièvement en quoi
consiste votre métier ? L'exercez-vous à temps plein et devez-vous être
disponible 24 heures sur 24 ?
Dr
L : "...Protection, soins, sélection et
gestion de crise..." Le RAID est une unité constituée de 100
policiers triés sur le volet. Afin d'assurer une présence médicale continue,
nous sommes quatre médecins contractuels à travailler au RAID. Nous y exerçons à
temps partiel. Le reste de notre activité s'effectue dans un hôpital
universitaire parisien. Chaque mission est couverte par, au moins, un des
praticiens du « Groupe Médical d'Intervention » (GMI). La rotation s'organise
par groupe de jour. Nous essayons ainsi de limiter les périodes de relais. En
pratique, chaque journée de 24 heures est couverte par au moins un médecin et
ce, naturellement toute l'année.
Notre travail ? Il s'articule autour
de 4 grands axes : - la protection médicale rapprochée. C'est la
mission prioritaire. - les soins au quotidien (vaccinations, pathologies
traumatiques de l'entraînement,etc.) - la sélection d'entrée et le
suivi médico-sportif : cela se fait un peu sur le modèle d'un club sportif de
haut niveau ( copié sur ce qui se fait dans les clubs sportifs de haut niveau).
Il s'agit de tester les aptitudes (visuelles, auditives, ostéo-articulaires) et
d'évaluer la performance de chacun. - Un rôle de conseil et de gestion
de crise : dans la négociation et le profilage des situations et des individus ;
dans l'interface avec les médecins traitants car une grande majorité des
« forcenés » ont des antécédents psychiatriques.
Caramed : Qu'est-ce qui a motivé le recours à un
médecin spécifique au RAID ? Le GIGN ou d'autres unités étrangères le font-elles
également ? Dr L : Cette
association de médecins spécifiques à une d'une unité d'intervention est, me
semble-t-il, unique au monde. Elle a débuté en février 1994, avec deux médecins
seulement au départ. L'idée initiale a été de pouvoir faire intervenir
un médecin avec son matériel d'intervention complet et adapté, quelque soit le
patient et quelque soit le lieu et les circonstances. Il permet d'assurer un
niveau de qualité constant. Le RAID, qui a une compétence nationale, peut ainsi
fonctionner en autonomie complète. Les services de secours locaux,
territorialement compétents, (SAMU, Sapeurs-Pompiers,.) ne peuvent pas toujours
intervenir sur le lieu même de l'action d'une part pour des raisons de sécurité
car ils ne sont ni formés, ni entraînés de manière spécifique, ni équipés de
matériels de sécurité (gilet pare-balle, casque, etc.) leur permettant d'être un
minimum protégé et d'autre part en raison de la confidentialité de certaines
interventions. Chaque médecin du GMI doit d'ailleurs être habilité « secret
défense ».
En revanche, les services de secours « classiques » ont un rôle
important dans les situations stabilisées . Nous assurons la coordination
sanitaire en évaluant avec eux et en temps réel les besoins objectifs sur chaque
affaire. Les relations avec ces partenaires sont constamment excellentes. En
effet, les médecins du GMI sont tous issus du monde de l'urgence et chacun
comprend bien, me semble-t-il les impératifs et les contraintes de l'autre.
S'occuper de la gestion de la sécurité sanitaire permet aux « Raiders » d'être
totalement déchargés de cet aspect des choses. Quant au GIGN, il
s'agit de médecins militaires qui sont affectés au Groupement de Gendarmerie de
Satory (Yvelines)et qui assurent la permanence de soins pour les gendarmes et
leur famille. Leur intégration à l'unité d'intervention est de fait plus
« latérale ». A l'étranger, il s'agit plutôt de secouristes ou de
paramédicaux.
Caramed : Quelles sont les différences majeures,
face à une médecine traditionnelle, du point de vue : - technique
(matériels ? type d'intervention ?) - physique (entraînement ?
sollicitation plus importante ?) - psychologique (réactions au stress,
implication personnelle, prise en charge et soutien psychologique)
Dr L : "Physiquement et psychologiquement très
fort" - pour le matériel, nous sommes équipés de deux types
de matériels. Un pour la zone « chaude » grâce à un gilet tactique très
fonctionnel qui permet de gérer au plus près de détresse éventuelle l'hypoxémie,
l'hypovolémie et la douleur et un autre, pour l'arrière grâce à un véhicule
spécial d'intervention (amené systématiquement sur le lieu de l'opération même
par voie aéroporté). Il est similaire à un véhicule du SAMU (en plus
discret.). En ce qui concerne la tenue, nous portons la même
combinaison noire, une cagoule : seules différences, l'absence d'armes et
l'inscription « médecin ». Le matériel est pris en charge financièrement par le
Ministère de l'Intérieur qui, je dois le dire, a bien compris l'intérêt de cette
prestation et nous assure des conditions matérielles de travail très
satisfaisantes.  - physiquement, nous faisons du sport avec le reste de
l'unité. Les disciplines pratiquées sont très variées : cela va des sports de
combat, à la plongée, au parachutisme en passant par les sports collectifs. Il
existe des entraînements techniques particuliers, destinés aux médecins :
escalade, maniement d'armes, conduite rapide.Un certain niveau sportif est
nécessaire pour suivre le groupe sur le lieu de l'intervention, quel qu'il soit.
Au RAID, l'intégration se fait aussi sur un ring de boxe ou avec un parachute
dans le dos. - psychologiquement, il n'y a pas de formation
particulière mais les gens sont sélectionnés en fonction de paramètres
psychologiques très stricts. La stabilité est requise avant tout : c'est
indispensable pour des interventions qui sont toujours à haute pression, avec un
mélange médico-policier très particulier. Il faut avoir une bonne expérience
professionnelle de situations du même type ( bloc, SAU, SAMU) ; l'implication
émotionnelle est inévitable mais on apprend à la gérer.
Caramed : Quelles relations entretenez-vous avec les
policiers ? Allez-vous au delà de votre rôle de médecin, sachant que la pression
et les conditions d'exercice inhérentes à leur profession sont difficiles à
gérer ? Dr L :
"Nos soins ne dépendent ni du grade ni du casier judiciaire" Il a
fallu apprendre à s'apprivoiser mutuellement. Nous débarquions en tant que
médecins au sein d'un groupe très soudé et qui se connaît bien. L'intégration
n'a pas toujours été facile : nous étions face à des compétiteurs appartenant à
un service d'élite. Les choses se sont faites progressivement. Et je leur rends
grâce de nous avoir accueilli finalement aussi bien. Mais il ne doit
surtout pas y avoir de confusion de rôle : nous sommes des médecins et pas des
policiers. Le but majeur était d'arriver à une cohésion de groupe,
totale, à une intégration parfaite du médical et du policier. Nous devons donc
savoir exactement ce que vivent les policiers, comprendre ce dont ils parlent,
ce qu'ils vont être amenés à faire, avec les risques et les contraintes que cela
comporte. Il faut fournir les meilleures conditions de sécurité pour tout le
mode, les soins les plus pertinents et rapides possibles. Je tiens à préciser
que nos prises en charge médicale peuvent naturellement concerner aussi bien les
policiers que les individus impliqués par l'action du RAID. Il y a la une
dimension éthique et morale qui est, pour nous absolument fondamentale,
incontournable. Nos soins ne dépendent ni du grade ni du casier judiciaire.
Notre présence est de fait finalement une sécurité pour tout le monde. Je dis
bien tout le monde !
Caramed : Quelles formations avez-vous
suivies ? Dr L : -nous sommes deux
médecins anesthésistes-réanimateurs et deux sont des « urgentistes » de très
haut niveau. Nous avons tous les quatre plus de quinze ans de SAMU derrière
nous. -Je vous épargne le catalogue des autres Spécialités, Capacités et
diplômes d'Université dont nous sommes de plus titulaires.
Caramed : Quelles qualités une telle profession
nécessite-telle ? Dr L : -la
disponibilité - l'ouverture d'esprit -l'expérience professionnelle
médicale de situations réellement critiques - la capacité à vivre en
collectivité - un goût prononcé pour le sport ( à la fois pour le côté
opérationnel et pour l'intégration). -et surtout savoir rester à sa
place ! |
Source
le site
caramed
que nous
vous invitons vivement à consulter
| |